Le 2 mai
Lieu: Quito
Alt.: 3000m
T: 27°C
Distance de Paris: 9358km
Décalage horaire: -7 heures

« Nous voilà enfin arrivés à Quito. Le vol s’est bien passé même si le matériel a subi quelques avaries (garde-boue défoncés).
Juste avant nos premiers pas sur le continent Sud-américain, le survol des Andes nous a dévoilé un relief très vert et tourmenté : les montagnes, à pics et recouvertes d’un épais manteaux de verdure, sont plissées par une multitude de ravins serpentants à perte de vue. Aucun endroit ne semble propice à l’implantation d’une capitale. Or voilà que dans un dernier virage, un plateau s’ouvre sous nos yeux, avec en son milieu Quito.
La platitude ne semble pas être une caractéristique du coin... Idéal pour commencer, n est-ce pas ? (Patricia fait la moue). Mais avant de chauffer les mollets, une petite acclimatation s’impose. L’ hôtel où nous sommes nous permettra de vérifier les vélos et d’observer nos futures ascensions. »

Le 10 mai
Riobamba

« Nous apprenons que la route reliant Baños à Riobamba est fermée depuis 2 ans. Deux raisons à cette fermeture, une saison des pluies particulièrement violente, qui engendra de nombreux glissements de terrains, et un réveil du volcan voisin qui projeta de la cendre incandescente sur ses flancs. La totalité, ou presque, de la population fut évacuée de force, mais quelques résistants, préférant mourir plutôt que de partir, se cachèrent dans la montagne.
La situation étant stabilisée depuis plus d’un an, nous avons tenter d’emprunter cette fameuse route, et le résultat fut 1000 fois plus impressionnant que nous l’avions imaginé. Certains glissements de terrains ressemblent à des crevasses gigantesques, les coulées de boue ayant tout emporté dans leur cavalcade apocalyptique. Trois d’entre elles restent incontournables en véhicule. La seule solution pour avancer est de pénétrer dans les entrailles à pic du volcan meurtri. Avec l’aide d’un jeune, rencontré par hasard, nous tentons de nous frayer un chemin dans les différentes strates instables de ces plaies béantes... »


Le 13 Mai
Capsol

« Rapidement nous nous retrouvons dans les nuages. La route disparaît tout autour de nous. Les cieux seraient-ils si proches?...
A l’aveuglette nous poursuivons notre ascension, nous interpellant de temps à autre pour garder contact. Il nous faudrait presque une corne de brume !
L’air est moite. Les poils de nos bras, nos cheveux se chargent d’humidité. Même le duvet de nos visages : c’est amusant, je ne pensais pas être aussi poilue... »

« Nous rencontrons beaucoup de chiens et bien que certains restent stoïques à notre passage, d’autres trouvent l’occasion parfaite pour se défouler un peu et nous courser pendant une bonne centaine de mètres. Heureusement pour nous ils sont peureux: dès les premiers aboiements nous dégainons notre bâton tel une épée et les menaçons de coups. Le résultat ne se fait pas attendre, la garde fait marche arrière aussitôt. Parfois, lorsque l’un d’entre eux plus téméraire, s’approche un peu trop près de nos mollets, Cyril s’arrête et descend du vélo en aboyant lui aussi contre l’ennemi. Notre agresseur très impressionné file alors la queue entre les pattes... »

« Nous avons monté notre premier campement dans un champ, en compagnie d’un cochon et d’un cheval. Le propriétaire nous ayant découvert lors de sa tournée, est venu nous voir non pas pour nous réprimander, mais parce qu’il s’inquiétait de nous voir dormir dans une telle humidité. Très gentiment il nous propose un autre bout de terrain plus sec... »

Le 15 mai
Zhud – Cañar

« Au passage du col, le vent est tel que la progression est quasi impossible. Je suis debout sur mes braquets et peine à avancer. Une grosse rafale suffit pour mettre au tapis Patricia et m’envoie dans le fossé... »

Nbre de km parcourus depuis Quito: entre 382 et 401 km

Denivele positif cumule: 11 635 m
Altitude moyenne: 2713 m
Altitude Maxi: 3508 m
Temperature moy: 19C
Temperature Maxi: 33C

Distance moyenne parcourue par jour: entre 47,6 et 53,7 km

 

Le 19 mai
Cuenca - vers Oña

« Nous plantons le camp vers 15h sur un endroit sableux et particulièrement plat. A peine installés, voilà que l’orage qui nous menaçait éclate. La pluie est violente. Heureux d’être à l’abri dans un premier temps, nous réalisons rapidement que notre lieu de campement n’est pas idéal : l’eau qui ruisselle des alentours s’accumule autour de nous, il y a déjà 1/2 cm d’eau dans l’abside. Si nous ne voulons pas nous retrouver sur un radeau il faut agir sans plus tarder : habillés de nos tenues imperméables, nous préparons le sauvetage. L’unique solution est de creuser des canalisation pour évacuer l’eau : bâtons à la main en guise de pelle, il nous faut une bonne demie heure pour rétablir la situation. OUF, il était temps! »

Le 20 mai
La Paz (petit village)

« La terre est rouge ou jaune, parfois striée de rose, les arbres bien verts sont pour la plupart des conifères. Nous arrivons sur un plateau, c’est reposant et l’on profite mieux de l’environnement. Un cow-boy Equatorien passe avec sa vache et nous salue..."

« Deuxième crevaison pour Cyril. Après analyse, ce sont des bouts de limaille de fer, ramenés du garage de Survilliers, qui ont occasionnés nos deux crevaisons! »

« Les nuages arrivent et s’étendent dans le ciel sous nos yeux. Une fois le ciel complètement gris, la pluie se met à tomber… par intermittence : il nous suffit d’enfiler nos impers pour que l’averse cesse et cela pendant environ deux bonnes heures. »

« Nous bivouaquons peu après ONA dans un jardin très mignon : herbe rase, petite cascade, vue sur la montée qui nous attend le lendemain et quelques bouses de vache en prime. Un garçon de 11 ans, Andres, trouve l’occasion inespérée de venir nous observer, de faire le clown et de jouer avec Cyril qui lui présente ses tours de magie. »

 

Le 21 mai
Oña - Saraguro

« La pampa est cultivée et l’on peut apercevoir, de ci de là, un couple en train de bêcher son lopin de terre. Leurs enfants, non loin d’eux, jouent assis dans la terre. »

« Les routes sont en moins bon état. L’entretien est inexistant. Il y a souvent des cassures dans le bitume, des amas de terre qui font des ornières … et pour notre progression la pluie n’arrange pas les choses... Cyril fera d’ailleurs un vol plané sur une plaque de boue glissante ! Pas de casse, heureusement, mais je n’ai pas pu m'empêcher de rire, c’était digne de Vidéo-Gag. »

« Il nous faut sortir de Saraguro pour trouver une petite forêt de sapins propice au camping. Il était temps car la pluie reprend. Décidément, ces derniers jours sont un peu trop humides. Patricia n’a d’ailleurs plus qu’un seul T-shirt sec. Qu’importe, nous venons de faire le plein en carburant (pour le réchaud), nous avons du riz, des oeufs, quatre bananes et du pain. Ce soir, c’est repas de fête... »

Le 22 mai
Saraguro - Loja

« Cyril est à la traîne. A mon avis, il en a marre de monter, descendre… et surtout monter. Son vélo est lourd. Je pense qu’au niveau des poids, je dois porter 45kg et lui 65. Je sens qu’il travaille son mental. Nous en sommes à un stade ou l’on se demande pourquoi se donner tant de mal lorsque les transports en commun ne coûtent qu’1 dollar 50 pour plus de 100 km.
A 13h, à la fin d’une descente et au pied d’une nouvelle côte, Cyril envisage même de faire cette journée en deux étapes... HOULALA, ça ne va pas du tout! »

Le 23 mai
Loja - Vilcacamba (en bus)

« Cette petite bourgade, à 1650 m d’altitude, est un oasis de bien-être situé dans la célèbre « vallée des centenaires ». Le village est tout petit mais dispose de 17 auberges et 200 chevaux. C’est le Far West équatorien. En se promenant dans le minuscule centre, nous assistons à la fête du collège. Un groupe de danseurs folkloriques improvise sur une musique synthétique. Cette adaptation des danses traditionnelles sur une musique moderne amène le sourire sur le visage des spectateurs. »

« Notre hôtel (Le Mandango) aurait pu être largement recommandable si en pleine nuit, à 3h30, nous n’avions entendu les cris stridents des cochons en train de se faire égorger. Nous étions en fait situés à côté de l’abattoir. »

Le 24 mai
Vilcacamba - Le parc Podocarpus (à cheval)

« Journée Far West! Nous partons à cheval, accompagnés d’un guide Français, dans le parc du Podocarpus, mélange de reliefs montagneux, de forêt tropicale et de cours d’eau à chaque talweg. Les pseudos pistes sont extrêmement abruptes.
Tels de véritables danseuses, les chevaux sautillent de-ci de-là pour trouver les meilleurs appuis. Chahutés dans cette progression périlleuse, nous finissons par prendre confiance. Les galops se multiplient d’ailleurs vers la fin de cette escapade. »

Le 26 mai
Loja - Catamayo - Velacruz

« C’est reparti pour le pédalage !
Nous débutons par une super descente de 22 Km, jusqu’à Cotamayo. Un régal! Cyril y fait une pointe à 72.5Km/h en doublant, sur son passage, les camions et les bus...
Mais, évidemment, un luxe comme ça, ça se paye: juste après, ce sont à nouveau 22 Km à parcourir, mais en montée cette fois… Dans ce sens là, on rigole beaucoup moins, et quand on fait des pointes à 7 Km/h, c'est qu’on est en pleine forme !
Nous avons mis 4 heures à les effectuer, et je n’ai même pas assez de mots pour vous décrire la joie qui nous a envahie quand on s’est rendu compte que l'on avait atteint le col, le dernier, le vrai. Après celui-ci, il ne pouvait y avoir qu’une super descente. Et bien, on a décidé de la garder pour demain, histoire de bien débuter la journée! »


Le 27 mai
Velacruz - El Empalme

« Record au niveau de l'altitude, nous sommes passés sous les 1000m. Nous ressentons tout de suite une chaleur plus lourde. La gorge se dessèche plus rapidement. Le paysage ressemble a celui d’une Provence en plein été: sec avec principalement de l'herbe jaunie plantée de quelques arbres plus branchus que feuillus. L'originalité du coin est un arbre semblable à un baobab. Il s'appelle "ceibo". Son tronc est vert, large et enflé à la manière des baobabs. »

« Nous avons planté le camp sur une surface plus dure qu’à l’accoutumée. Il nous a même fallu utiliser des cailloux pour enfoncer nos sardines! Cyril nous a préparé du riz au lait pour changer du riz "sauce champignon" et nous avons eu la joie de profiter, du crépuscule au coucher, d’une magnifique voûte céleste, qui, pour une fois depuis bien longtemps, s’est offerte à nos yeux. »

Le 28 mai
El Empalme - Santa Ana

« A 5h20, Cyril me réveille. Nous n’avons même pas entendu le réveil prévu à 4h30. Il va falloir se dépêcher un peu plus pour compenser. Tente pliée, petit déjeuner presque prêt, nous n'apercevons pas encore les lueurs de l’aube : c’est surprenant !
- Oh non, c’est pas vrai! s'exclame Cyril, il n’est que 3h20.
- Evidemment, je comprends mieux maintenant. Il ne risquait pas de montrer le bout de ses rayons, le soleil.

Une erreur de programmation de la montre et nous voilà en pleine nuit, fins prêts à reprendre la route.
- Après tout, pourquoi pas, comme ça on est sur de rouler à la fraîche!

Départ donc à 4h40, sous une lune presque pleine. La vision trahie par le manque de contrastes, nous nous attachons plus aux bruits qui nous entourent, comme l’écoulement de la rivière un peu plus bas, le tressaillement d’un buisson agité par l’envol d’un oiseau, le claquement des sabots de plusieurs ânes apeurés par notre passage, et le sourd bruit des roulements bien huilés de nos bicyclettes... »

« La délimitation physique de la frontière, entre l’Equateur et le Pérou, est la rivière "Macara". Après des formalités standards et rapides, nous terminons notre séjour de 27 jours en Equateur, en faisant un brin de toilette et un peu de lessive dans les eaux communes… »

Parlons chiffres...

Nbre de km parcourus depuis Quito: entre 803 km et 827 km

Denivele positif cumule: 23500 m
Altitude moyenne: 2400 m
Altitude Maxi: 3508 m
Altitude Mini: 484 m
Temperature moyenne: 21C
Temperature Maxi: 42C
Température Mini: 11C

Distance moyenne parcourue par trajet: 50 km (pile

Duree moyenne des parcours: 4h03
Vitesse moyenne : 12.3 km/h
Temps cumule des trajets en velo: 64.5 h
Frequence cardiaque moyenne (Cyril): 122
Frequence cardiaque max :169
Nombre de kCal moyen consomme par parcours: 1857 kCal
au total : 24186 kCal