Le 12 décembre
Panama City

« Nous arrivons enfin à Panama City, après une nuit d'escale non prévue à Bogota.
Au premier passage de douane, nous apprenons que la carte de tourisme (à 5 dollars) que nous a vendue Avianca n'était pas utile car le Panama a des accords avec la France...
Au deuxième, après avoir récupéré nos cartons, les douaniers se font un plaisir de nous les faire ouvrir pour vérifier leur contenu. Les questions fusent, nous ne sommes apparemment pas les premiers à passer. Un attroupement commence à se former autour de nous: le petit groupe ne semble pas prêt à nous lâcher comme çà.
- "Vos bicyclettes, elles sont neuves?"
- "Oh non, nous venons de pédaler 7 mois avec, en Amérique du Sud!"
- "Ah, et bien, si elles ne sont pas neuves, il va falloir désinfecter les pneus avec un fumigène..."
Ca y est, nous y voilà, ils vont réussir à nous extorquer de l'argent avec les pneus des vélos... On nous avait prévenu!
Cyril tente un petit cinéma, mais rien n'y fait, si ce n'est que de 40 dollars par vélo, le prix du traitement tombe à 1 dollar. On cède, c'est fatiguant de se battre pour des choses illogiques. »

« En sortant du terminal, une chaleur étouffante nous pénètre. Il fait au moins 35 degrés et le taux d'humidité est très élevé. Après 10 km la pluie commence à tomber: la saison humide n'est donc pas terminée! Au premier abord, ce n'est pas si désagréable, cela rafraîchit l'air et ressemble plutôt à une douche à ciel ouvert. Nous poursuivons entre les gouttes, mais rapidement la pluie tourne au déluge et les routes se transforment en lit de rivière. Nous sommes plus que trempés et n'essayons même plus de nous protéger.
Arrivés près de l'hôtel, nous ne pouvons plus rouler, l'eau nous arrive aux chevilles. La circulation est perturbée et tous les gens sont regroupés sous les porches des magasins. 10min après avoir pris possession de notre chambre, nous pouvons assister du balcon à une inondation de la rue. Les voitures ont de l'eau 20 cm au-dessus du bas de caisse. Certaines ont le moteur coulé, d'autres tentent de forcer le passage et lorsqu'elles y arrivent, c'est sous les applaudissements des habitants spectateurs. Un gars à moto amuse toute la rue, quand il franchit avec succès la cuvette, les jambes sur le guidon!
La propriétaire de l'hôtel nous assure que cela n'était pas arrivé depuis bien longtemps... Tout ça rien que pour nous alors, Bienvenue au Panama! »

Du 13 au 16 décembre
Panama City

« Sur l'écluse Miraflores du canal de Panama, l'attente d'un bateau est longue, mais le spectacle en vaut la chandelle. Aucun système de pompage dans le remplissage ou la vidange des différentes chambres: tout fonctionne par gravité. Entre les deux océans et le point le plus haut du canal, les bateaux montent de 26 mètres! Une vidéo, bien tournée, nous permet de voguer sur les eaux du canal tout en nous expliquant les différentes étapes à franchir. Un bateau de luxe, style "La croisière s'amuse", passe la dernière écluse sous nos yeux, avant de rejoindre le Pacifique. Les passagers sur le pont nous filment autant que nous les filmons. Le plaisir de la traversée est réciproque! »

« La baie de Panama est plutôt jolie, avec ses gratte-ciel qui se détachent à l'horizon et les palmiers qui ajoutent à l'ensemble la touche d'exotisme que l'on peut attendre des lieux. En revanche la vie est assez chère par rapport à ce que l'on a rencontré jusqu'à présent. Les prix sont à peine inférieurs à ceux de l'Europe... »

Le 17 décembre
Panama City - Chame

« Nous passons le fameux pont des Amériques, celui qui joint l'Amérique du Nord à l'Amérique du Sud en enjambant le Canal de Panama. La circulation y est dense mais nous prenons le temps de quelques photos. Pour la suite, c'est un enchaînement de montagnes russes qui nous attend. J'ai le souffle court. Je ressens l'arrêt de plus d'un mois, j'ai l'impression d'être à nouveau débutante. Évidemment, la chaleur n'arrange rien: je m'arrête en haut des côtes, trempée de sueur et le cœur battant la chamade: ça promet... »

« Un américain d'origine, ayant passé plusieurs années de sa jeunesse au Panama, nous reçoit. Il est missionnaire et se charge de promouvoir la foi évangélique dans les tribus du Darién. Son travail actuel consiste à traduire la Bible dans la langue des indiens. Cette rencontre avec Jamie a été fort intéressante et nous a remonté le moral. »

Le 18 décembre
Chame - Penonome - Nata

« La route n'est pas encore extraordinaire et Cyril souffre de maux de tête à cause de la chaleur. Nous suons toute l'eau de notre corps et buvons litre sur litre. En fin de journée, nous avons bien englouti 6 litres chacun! »

« A Nata, nous sommes reçus par une famille particulièrement accueillante. Tout le monde se plie en quatre pour nous recevoir. On nous offre même une pizza, qui paraît-il est la meilleure du coin, et le lendemain ce seront un vase (en plastique), un calendrier paraphé par toute la famille, une photo souvenir et l'invitation à revenir les voir qui animent notre départ. Quel accueil! »

Le 19 décembre
Nata - Santiago - Cerro Redondo de la mesa

« Dès les premiers rayons de soleil directs Cyril souffre d'un terrible mal de tête. Je prends les devants du convoi. Avec la journée qui avance, cela devient de plus en plus dur: dans les côtes, quand aucune brise ne vient nous apporter notre air, nous partageons l'impression qu'il suffirait d'un rien pour que l'on s'écroule sur place... Ah, ce vent que l'on a tant haït, voilà que l'on se met à l'invoquer pour nous redonner un souffle de vie... »

« Les vaches locales ont deux grandes oreilles, style cocker, et une peau sans poil, flasque qui pendouille au niveau du cou. Ce n'est pas très esthétique, mais à l'avantage de nous faire rire quand elles nous regardent passer avec leur air très intelligent... »

« Nous trouvons abri sous le toit qui sert de salle de fête à un petit hameau. Les habitants nous reçoivent avec beaucoup de gentillesse: jus d'orange, tranches de papaye… une personne se propose même de nous cuisiner un repas local. Nous refusons car nous sommes fatigués et devons nous lever le lendemain aux aurores. En effet, notre réveil sonne dorénavant à 4 heures pour que nous puissions rouler dès 6 heures, aux premières lueurs du jour... »

Le 20 décembre
Cerro Redondo de la mesa - Juay

« C'est le jour de mes 30 ans... Pas le temps de philosopher sur le temps qui passe, nous avons des kilomètres à parcourir!
La journée est néanmoins plus agréable que les précédentes car la route est ombragée. Le soir c'est une "finca" qui nous accueille. La maison du propriétaire et ses dépendances sont placées sur le haut d'un monticule. On nous accorde de dormir dans une petite pièce située entre le poulailler et la laiterie. En temps normal, j'aurais trouvé ça plutôt crasseux, mais là, c'est le luxe du lit qui me saute aux yeux. Cyril me concocte un petit repas amélioré avec les moyens du bord:
-coquillettes au bouillon, sauce verdure
-crème de maïs au lait entier
-orange Chiriqui
-boisson pétillante Nord-Américaine
Que demander de plus! »

Le 21 décembre
Juay - David - La Concepcion

« Nous avons pris l'habitude de nous arrêter dans les grandes surfaces pour le déjeuner. En effet, la climatisation intérieure nous rafraîchit un peu pendant que l'on choisit ce que l'on va se mettre sous la dent et le parking devient notre restaurant de routier. Aujourd'hui, par chance, un Internet café se trouve juste en face et je me fais le plaisir d'aller y consulter les gentils mails envoyés à l'intention de mon anniversaire. Cyril dit que je suis une accro, mais je crois que j'ai besoin de ce contact, cela m'aide à persévérer dans les moments difficiles... »

« Sur la route vers Conception, nous croisons 2 rivières dans lesquelles des jeunes s'ébattent avec plaisir. La vue de ce spectacle nous coupe les jambes, nous qui sommes en train de crever de chaud! Heureusement les plages du Costa Rica pointent à l'horizon; c'est décidé, en effet, nous passerons par la côte! »